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    BRVM : vers un règlement des transactions en temps réel ?

    (Agence Ecofin) - Le DC/BR envisage une réforme de fond : faire passer le cycle de règlement-livraison des titres de T+3 à T+0. Une transition qui pourrait bouleverser les habitudes sur les marchés de l’Union monétaire ouest-africaine.

    A l’heure où les grandes places financières internationales accélèrent leur cadence, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) s’apprête à franchir un cap ambitieux. Le Dépositaire central / Banque de règlement (DC/BR), bras opérationnel de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), étudie la possibilité de raccourcir drastiquement les délais de règlement des transactions boursières. Objectif : passer du traditionnel cycle T+3 – soit trois jours ouvrables entre l’achat d’un titre et son transfert effectif – à un règlement le jour même, dit T+0.

    Un tel changement, s’il venait à se concrétiser, permettrait aux investisseurs de disposer immédiatement de leurs titres ou de leurs liquidités, sans attendre. « Cela favorise une meilleure liquidité du marché, limite l’exposition au risque de contrepartie et améliore la rotation des actifs », explique une source proche du dossier.

    Une tendance mondiale qui s’accélère

    Les marchés financiers mondiaux se sont déjà engagés dans cette course à la vitesse. Aux Etats-Unis, la transition vers T+1 a été actée le 28 mai 2024. L’Europe et le Royaume-Uni visent la même échéance d’ici 2027. En Inde, certaines transactions s’effectuent déjà à T+0. Pour les places émergentes, rester sur T+3 pourrait donc devenir un handicap en termes d’attractivité et de compétitivité.

    Mais aller trop vite comporte aussi des risques. « Un passage direct à T+0 exige des infrastructures robustes, des systèmes de paiement en temps réel, une coordination rigoureuse entre banques, courtiers et dépositaires », avertit un expert en post-marché. D’autant que les contraintes logistiques sont plus marquées dans des contextes de marchés encore en développement : délais bancaires rigides, absence d’interconnexions en temps réel, systèmes de règlement encore partiellement manuels ou dépendants de processus papiers. Autant d’obstacles qui rendent une transition immédiate difficile sans réforme préalable en profondeur.

    Réforme structurante, mais à risque

    Les acteurs financiers s’accordent néanmoins sur le potentiel transformateur de cette réforme. Elle pourrait stimuler les volumes d’échanges, augmenter les revenus générés par les commissions, et renforcer la confiance des investisseurs, notamment étrangers. Mais elle suppose aussi une modernisation technique lourde, des ajustements réglementaires et un renforcement de la formation des intervenants.

    « Ce que l’on gagne en rapidité, il faut aussi le garantir en sécurité », résume un professionnel de marché basé à Abidjan. Entre ambition et prudence, le DC/BR devra trouver un équilibre. Un passage progressif par T+2, puis T+1, avant d’atteindre le T+0, semble être le scénario le plus réaliste, estime un « asset manager » basé à Cotonou. 

     

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