(Agence Ecofin) - Aliko Dangote prévoit le report des introductions en bourse de Dangote Fertilizer au T4 2025 et de Dangote Refinery à 2026. Elles étaient initialement prévues pour début 2025. Ces projets majeurs, valorisés jusqu’à 25 milliards de dollars, visent à renforcer l'autosuffisance énergétique et alimentaire du Nigeria. Les IPO seront scrutées pour leurs détails financiers et leurs stratégies de désendettement.
Lors des 32èmes assemblées générales annuelles d’Afreximbank, ce mois de juin 2025, Aliko Dangote, PDG de Dangote Industries, a annoncé de nouveaux calendriers pour les introductions en bourse (IPO) de Dangote Refinery et Dangote Fertilizer.
L’IPO de l’usine d’engrais, d’une capacité de 3 millions de tonnes d’urée par an, est désormais prévue pour le quatrième trimestre 2025, tandis que celle de la raffinerie, capable de traiter 650 000 barils par jour, est reportée à 2026. Ces échéances diffèrent de l’objectif initial du premier trimestre 2025, annoncé en juillet 2024 à la presse nigériane. Aucune raison précise n’a été communiquée pour ce décalage.
La raffinerie, construite pour 23 milliards de dollars, aurait dû atteindre sa pleine capacité depuis mars 2025. Aliko Dangote a confirmé la mise en place d’une stratégie de distribution, qui prévoit la livraison de produits raffinés—essence, diesel, kérosène et carburéacteur—à des dépôts situés jusqu’à 3000 kilomètres par voie routière. La raffinerie couvre 100 % des besoins nigérians en produits raffinés (50 millions de litres d’essence et 17 millions de litres de diesel par jour) et peut exporter 40 % de sa production vers l’Afrique et d’autres marchés. Les projections de revenus s’élèvent à 25 milliards de dollars par an à partir de 2025, soutenues par les ventes domestiques et les exportations.
L’usine d’engrais, opérationnelle depuis 2021 pour un coût de 2,5 milliards de dollars, a exporté 300 000 tonnes d’urée au quatrième trimestre 2021, faisant du Nigeria un exportateur net. Un plan vise à porter d’ici août 2026, la production au-delà des 5,6 millions de tonnes annuelles de l’actuel plus grand producteur d’urée à site unique, le qatiri QAFCO. Les prix mondiaux de l’urée ont connu une progression annuelle moyenne de 38% depuis 2020, même si depuis le début 2025, on est sur une tendance baissière.
La raffinerie supporte une dette de 3,65 milliards de dollars, dont 2 milliards de prêts syndiqués senior et 1,65 milliard de prêts intra-groupe. Les revenus opérationnels devraient permettre de rembourser cette dette d’ici 2027, après le remboursement de 10 milliards de dollars de prêts intra-groupe via des cessions d’actifs, notamment dans Dangote Cement.
Les détails de la dette de l’usine d’engrais ne sont pas publics, mais son modèle axé sur l’exportation assure des flux de trésorerie stables.
Les valorisations des IPO restent non divulguées. Selon les coûts de construction et les revenus projetés, une estimation basée sur des sociétés actives dans le même secteur, permet d’anticiper une valorisation de la raffinerie située entre 20 et 25 milliards de dollars et celle de l’usine d’engrais entre 2,5 et 3,5 milliards de dollars, sous réserve des conditions de marché au moment des opérations, et du niveau d’endettement.
Ces introductions boursières seront lancées sur la Bourse des valeurs nigériane (NGX), avec une possible double cotation de la raffinerie à la Bourse de Londres. Elles pourraient porter la capitalisation boursière totale de la NGX au-delà de 100 trillions de nairas (60 milliards de dollars). Dangote Industries à l’opportunité de redevenir le premier émetteur du compartiment action sur la NGX, position actuellement occupée par le groupe BUA d’Abdul Samad Rabiu. BUA Foods, valorisée à 5,25 milliards de dollars, et BUA Cement, à 2,51 milliards, totalisent 7,76 milliards de dollars, contre 5,1 milliards pour Dangote Cement et Dangote Sugar en juin 2025.
La raffinerie fait face à des défis, notamment une baisse de la note de crédit de Dangote Industries par Fitch Ratings en 2024, passant de AA à B+, en raison de contraintes de liquidité. L’inflation nigériane, à 34 %, et la dévaluation du naira affectent le climat d’investissement.
L’usine d’engrais profite de la demande mondiale d’urée, mais un investissement significatif sera nécessaire pour dépasser la capacité de QAFCO, alors que le Qatar prévoit de doubler sa production à 12,4 millions de tonnes d’ici 2030.
Les notes d’information des IPO, attendues en 2025, préciseront les métriques financières, y compris les plans de remboursement de la dette et la part du capital offerte.
Ces introductions boursières offrent une opportunité d’exposition aux secteurs nigérians de l’énergie et de l’agriculture, la raffinerie réduisant la dépendance aux importations de carburant et l’usine d’engrais renforçant la sécurité alimentaire en Afrique. Les investisseurs seront attentifs aux détails sur les valorisations, les jalons de production et la gestion de la dette pour évaluer les rendements à long terme.