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    Les banques nigérianes voient leurs bénéfices diminuer – et cela pourrait empirer

    Les banques nigérianes viennent de publier leurs résultats pour le premier trimestre 2025. Et une chose est claire : après plusieurs années de profits en forte croissance, les temps changent.

    Pendant longtemps, les grandes banques du pays – connues sous l’acronyme FUGAZ (First Bank, UBA, GTCO, Access et Zenith) – affichaient des résultats impressionnants trimestre après trimestre. Mais aujourd’hui, les chiffres sont en baisse. Et parfois même de façon brutale.

    GTCO, réputée pour sa solidité, a vu son bénéfice avant impôts fondre de 41 %. Du côté de FirstHoldCo, la baisse est de 20 %. Certes, Access Bank et Zenith continuent de croître, mais timidement, autour de 10 %, bien loin des bonds spectaculaires de l’an dernier.

    Pourquoi cette baisse ?

    D’abord, les coûts explosent. L’inflation, toujours élevée, pèse lourdement sur les dépenses des banques : salaires, technologies, marketing, tout coûte plus cher. À titre d’exemple, FirstHoldCo a dépensé 19 milliards de nairas rien qu’en communication. Access Bank a investi 41 milliards dans l’IT, et Zenith Bank, plus de 21 milliards.

    Ensuite, il y a les taxes. Les prélèvements réglementaires comme la taxe AMCON continuent de grignoter les bénéfices.

    Et surtout, les gains liés à la dévaluation du naira – qui avaient dopé les résultats en 2023 et 2024 – sont en train de disparaître. Le naira est un peu plus stable cette année, ce qui veut dire : moins de profits exceptionnels sur le change.

    Zenith, par exemple, avait gagné 186 milliards de nairas grâce au trading au T1 2024. Cette année ? À peine 13 milliards. Chez GTCO, c’est encore plus frappant : de 331 milliards en gains de change l’an dernier, à seulement 1,5 milliard aujourd’hui.

    Et ce n’est pas tout…

    Les banques doivent aussi faire face aux effets des levées de fonds massives réalisées en 2024. Elles ont émis de nouvelles actions pour se renforcer, ce qui dilue mécaniquement le bénéfice par action (EPS). Pour garder un EPS aussi élevé que l’an dernier, il leur faudrait quasiment doubler ou tripler leurs profits. Mission quasi impossible dans les conditions actuelles.

    Elles devront donc se tourner vers ce qu’elles savent faire de mieux : le crédit. Mais dans une économie toujours fragile, prêter plus signifie aussi prendre plus de risques.

    Vers un nouvel équilibre

    Les analystes ne crient pas à la catastrophe : le secteur bancaire nigérian reste rentable. Mais l’époque des profits faciles et spectaculaires semble bel et bien révolue. Pour les investisseurs, cela signifie qu’il faudra sans doute revoir les attentes à la baisse.

    La question est désormais de savoir si ces banques sauront s’adapter intelligemment, en contrôlant mieux leurs coûts, en diversifiant leurs sources de revenus, ou en innovant.

    L’âge d’or est peut-être terminé. Place maintenant à la stratégie, la prudence… et un peu de patience.

     

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